par Valérie Koelbel, publié le 16/08/2012 à 05:00

Gares et chemins de fer oublies (6) Lautenbach – Guebwiller – Bollwiller L’espoir du renouveau

L’essor de l’industrie a entraîné la construction de la ligne Guebwiller-Bollwiller à la fin du XIX e siècle. Celui de la voiture et des transports routiers en a eu raison cent ans plus tard. Aujourd’hui cependant, les militants pour la réouverture de la ligne pensent atteindre leur but.

« Dans les années 1960, la plupart des trains circulaient à vide, avec seulement quatre cheminots à bord », se souvient Robert Zagala, ancien agent d’entretien à la SNCF. Les pertes d’exploitation et « la faible vitesse du tronçon terminal vers Lautenbach constituant un handicap face à la concurrence routière », selon Jean-Marc Dupuy (*), conduiront à la fermeture du trafic voyageurs le 17 mars 1969. Ce jour-là, pour la dernière fois, un autorail De Dietrich quitte la gare de Guebwiller en direction de Lautenbach. Le trafic marchandises, lui, sera maintenu jusqu’en 1992.

Filatures, carrières et excursions en montagne

Le train du Florival est né de la formidable expansion économique de la vallée au XIX e siècle. À cette époque de nombreuses usines s’y construisent, profitant de la force motrice des torrents. En 1835, les filatures Schlumberger emploient 1 000 ouvriers. La ville compte aussi des ateliers de construction mécanique, des carrières de grès et d’ardoise, des vins réputés. C’est enfin un formidable point de départ pour les excursions vers le Markstein, le Petit Ballon, le Grand Ballon qui culmine à 1 424 mètres, ainsi que l’abbaye de Murbach. Le bourg de Soultz, lui, doit sa renommée à ses sources salines.

Trois gares pour la seule ville de Guebwiller

C’est le 2 mai 1863 que la concession est accordée à la Compagnie des chemins de fer de l’Est, et la ligne sera complètement achevée en 1870. À cette époque déjà, l’emplacement de la future gare de Guebwiller fait l’objet d’un débat : la Compagnie de chemins de fer souhaite la construire à l’entrée de la ville, au lieu-dit Quaterfeld, alors que la municipalité souhaite son prolongement jusqu’au centre. Le même débat ressurgit aujourd’hui dans le cadre d’une éventuelle réouverture de la ligne (lire encadré). Au final, en 1870, la municipalité prend en charge les travaux de prolongement de la ligne jusqu’au centre-ville, et une troisième gare sera construite pour desservir les usines à l’extrémité ouest. La voie ferrée sera enfin prolongée par l’administration allemande vers Buhl, puis Lautenbach en direction du Markstein (pour raisons militaires) en 1884. Le jour de l’inauguration de cette gare qui servira plus tard de cadre au tournage du film Jules et Jim, un officiel dira : « Là où le train arrive, il n’en repart plus. » Il s’était bien trompé !

Aujourd’hui, les rails, toujours présents le long de la Lauch au centre de Guebwiller, disparaissent sous les herbes folles et la prairie fleurie que le conseil général a fait aménager à cet endroit. La gare de Guebwiller, qui a été restaurée, est actuellement occupée par l’association de réinsertion Défi, celle de Lautenbach transformée en salle polyvalente et celle de Soultz rachetée par un particulier. Mais la ligne n’a jamais été déclassée et l’association Florirail, créée en 1991, mène un intense travail de lobbying pour obtenir sa réouverture.

(*) Source : Jean-Marc Dupuy, Gares et tortillards d’Alsace, Editions L’Apart vagabonde, 2009. A lire aussi : Le petit train du Florival, Vincent Conrad et Denis Lieber, Editions La Vie du rail, 2011. Loisirs

http://www.dna.fr/loisirs/2012/08/16/l-espoir-du-renouveau

 

par V.K., publié le 16/08/2012 à 05:00

Une annonce, cet automne ?

La visite de Philippe Richert à Guebwiller en juin dernier est un signe fort, estiment les militants pour le retour du train dans le Florival. Si les études préliminaires commençaient cet automne, la ligne pourrait rouvrir en 2015.

C’était une réunion informelle, presque en catimini, entre le président de région accompagné de sa directrice des transports, les représentants de l’association Florirail qui milite depuis 1991 pour la réouverture de la ligne Guebwiller-Bollwiller et le conseiller général Alain Grappe. Ce jour-là, Philippe Richert s’est engagé formellement en faveur de la réouverture. Mais celle-ci doit encore être inscrite au contrat de projet Etat-Région… et faire l’objet de nouvelles études. « La Région s’est toujours investie dans ce dossier même si les précédentes études n’ont pas abouti », relève Mathieu Tacquard, le président de Florirail. Aux côtés du Collectif citoyen, des Verts de Guebwiller, du collectif Agir ensemble de Soultz et de VAL Linthal, l’association mène depuis vingt ans un combat intense : participation à tous les comités de ligne du Haut-Rhin, rencontres avec les élus, manifestations, permanences hebdomadaires et même excursions à la découverte de modes de transport innovants. Florirail qui compte 200 membres estime aujourd’hui que l’absence de train constitue « un handicap énorme, un frein au développement économique, social et touristique de la vallée. La ville de Guebwiller qui s’étiole compte tout de même trois lycées dont un hôtelier. Et le bassin de vie Guebwiller- Bollwiller représente 40 000 habitants. Le retour du train est une question de volonté et de bon sens », pointent les membres de l’association.

Le problème des passages à niveau

Du côté de la Région, on indique que « la réouverture de la ligne, une fois les études préliminaires achevées, pourra être envisagée au plus tôt en 2014-2015. À condition toutefois de régler le problème des passages à niveau sur lesquels la réglementation a été renforcée. L’aménagement de dénivelés pour le passage des voitures reviendrait à tripler le coût des travaux qui passeraient de 20 à 60 millions d’euros… Impensable ! »

Du côté de Florirail, on imagine une circulation à vitesse réduite dans les rues de Guebwiller, sans passages à niveau, ce qui reviendrait à réorganiser le plan de circulation automobile. Et pourquoi pas un tram-train ?

D’autres discussions portent sur l’emplacement de la future gare que la SNCF verrait bien à la sortie de la ville à côté du fast-food. « C’est totalement excentré, rétorquent les militants, et il y aurait un problème d’accès, de desserte et de parking. Pourquoi pas un arrêt à cet endroit, mais pas le terminus ! » Les débats sont loin d’être clos.

http://www.dna.fr/economie/2012/08/16/une-annonce-cet-automne