par Guillaume Erckert, publié le 11/03/2012 à 05:00

Benfeld Patrimoine historique La gare sauvée de la démolition

Les voyageurs pourront encore admirer le bâtiment datant de 1841.  Photo archives DNA

Les voyageurs pourront encore admirer le bâtiment datant de 1841. Photo archives DNA

Les défenseurs du patrimoine historique viennent d’obtenir une victoire. Longtemps en instance de démolition dans le cadre d’un projet d’aménagement, la gare de Benfeld, « une des plus vieilles de France », ne sera pas détruite.

Décidément, la gare de Benfeld fait couler autant d’encre qu’elle voit passer de trains. Tantôt en instance de démolition, tantôt en voie de conservation, la bâtisse érigée en 1841 semblait suspendre son avenir aux querelles auxquelles se livraient les partisans du modernisme d’un côté et les défenseurs du patrimoine historique de l’autre. Un contentieux qui ne date pas d’hier.

Une des plus vieilles gares de France

Le 7 décembre 2010, le conseil municipal de Benfeld adoptait à l’unanimité moins une voix d’abstention le projet d’aménagement de la place de la Gare et la démolition du bâtiment, propriété de la SNCF. Pour le remplacer, un abri « attente » accompagné d’un auvent ouverts, non chauffés et sans toilettes étaient prévus. Une décision qui fit jaser.

Quelques semaines plus tard, la Société d’histoire des quatre cantons, par la voix de son président Jean-Georges Guth, adressait une lettre au maire de la commune, André Wetzel. Ce courrier brocardait notamment « la régression notable pour les usagers de la SNCF ainsi que pour le paysage dans le quartier de la gare » engendrée par ce projet estimé à 769 000 euros HT.

Sans compter que le bâtiment en lui-même présente « un intérêt patrimonial indéniable tant sur le point historique qu’architectural ». De style néo Renaissance avec arcades en plein cintre, il fut construit sur le premier tronçon de la ligne Strasbourg-Bâle (3 e ligne de chemin de fer français après Saint-Germain-Paris en 1837 et Thann-Mulhouse en 1839). Ce qui fait de cette gare « l’une des plus anciennes de France ».

Un arrêté préfectoral refuse le permis de démolition

C’est d’ailleurs pour ces raisons que la Société d’histoire des quatre cantons déposait, le 26 décembre 2010, auprès des services de la direction régionale des affaires culturelles d’Alsace (Drac) un dossier de demande de protection au titre des monuments historiques. L’examen est en cours, mais de longs mois devraient encore s’écouler avant qu’une décision soit rendue.

De son côté, la SNCF déposait une demande de permis de démolition à la préfecture du Bas-Rhin, le 11 juillet 2011. En septembre de la même année, l’autorisation de démolition fut affichée sur la façade de la gare.

Mais deux mois plus tard, le 15 novembre, un arrêté préfectoral refusait le permis de démolition et demandait à la SNCF de retirer le permis accorder tacitement. Une décision motivée par la richesse historique du patrimoine. Conformément au code de l’urbanisme « cette démolition constituerait une perte irrémédiable et serait de nature à compromettre la protection du patrimoine bâti et du cadre de vie », précise l’arrêté. Dont acte. Le permis est retiré en décembre 2011.

Face à cette décision, André Wetzel, farouchement opposé au maintien de cette « épave » comme il la nomme, en appelait « au bon sens ». Lors des vœux prononcés à ses administrés début janvier, le premier magistrat de Benfeld espérait « que ce ne sera pas en raison d’un fait malheureux que l’on acceptera enfin de faire rapidement disparaître ce squat ».

En attendant, la bâtisse continuera de faire admirer ses façades de style néo Renaissance aux voyageurs.

par Guillaume Erckert, publié le 11/03/2012 à 05:00

http://www.dna.fr/edition-de-selestat-centre-alsace/2012/03/11/la-gare-sauvee-de-la-demolition